Des cicatrices laissées par les tranchées de la guerre de 1914-18
Dès la fin de 1914 commence la guerre de position : sur une ligne de front stabilisée, des réseaux de tranchées sont construits face à face. Les clichés montrent deux aspects des traces laissées dans les paysages actuels. En 1, sur le site des Eparges, des cicatrices bien visibles au sol, la microtopographie restituant le tracé des tranchées fossilisées par la végétation ; en 2, à Valhey, des cicatrices effacées, dont le tracé de détail en zigzag ne se laisse voir à la surface des champs que par la photo aérienne et des contrastes de végétation.
Complément :
Le front est formé d'une succession de tranchées principales (les parallèles) aménagées pour le combat (barbelés, chevaux de frise devant la première ligne, abris souterrains, postes d'observation). Leur tracé en chicanes est destiné à se protéger des tirs en enfilade. Des boyaux relient ces lignes plus ou moins parallèles et permettent aussi d'accéder à l'arrière. Les bombardements d'obus ou les mines ont bouleversé ces zones sur plusieurs km de profondeur. Aujourd'hui dans ces polémopaysages[1], tranchées, cratères, entrées de sapes, en partie comblés et fossilisés par la végétation, restent visibles surtout dans les hauts-lieux de la zone rouge[2], en Argonne, autour de Verdun, dans les Vosges comme aux Eparges, mais aussi sous bien des « forêts de guerre ». Ailleurs la plupart des traces ont été effacées : tranchées et trous d'obus comblés, sols nettoyés des débris métalliques et des munitions, terres agricoles nivelées et remises en culture, souvent dès les années 20. Des décennies de pratiques agricoles ont fait de l'ancien front un openfield banal, sauf quand la vue aérienne révèle le tracé des tranchées grâce aux teintes plus soutenues des plantes qui poussent sur les fossés comblés qui gardent mieux l'humidité.
Photographie : M. Bailoni et A. Humbert - Commentaire : E. Arnould