Nom + déterminant défini
Kaz-la ka pouri piti a piti. (GUA. SG1)
Fr. La maison pourrit à petit feu
Faktè-a pòté twa let ba Piè. (MAR. SG2)
Fr. Le facteur a porté trois lettres à Pierre.
Rappelons que le créole martiniquais connaît quatre formes pour le déterminant défini contre une seule pour le créole guadeloupéen. En créole martiniquais, le déterminant défini a la forme « -a » si le nom qui précède est terminé par une voyelle orale (c'est-à-dire i, é, è, a, o, ò, ou, comme dans difé-a = fr. le feu), la forme « -an » si le nom qui précède est terminé par une voyelle nasale (c'est-à-dire en, an, on, comme dans chien-an = fr. le chien), la forme « -la » si le nom qui précède est terminé par une consonne précédée d'une voyelle orale (comme dans boug-la = fr. l'homme) et la forme « -lan » si le nom qui précède est terminé par une consonne précédée d'une voyelle nasale (comme dans madanm-lan = fr. la dame/la femme).
Attention :
En créole, dans une phrase contenant une principale et une subordonnée relative, si la principale contient un déterminant défini, la relative se terminera par une répétition de la forme phonique de ce déterminant, sans que la forme répétée n'ait une valeur de déterminant.
Exemple : Madanm-la ki ka vann zépis la.
Dans cette phrase, la principale (Madanm-la) contient un déterminant défini « -la » qui porte sur le nom « madanm » et la relative se termine par une répétition de « la »; mais « la » après « zépis » n'est pas un déterminant et n'a pas de valeur grammaticale, donc n'est pas relié à « zépis » par un trait d'union : c'est juste un élément qui sert de marqueur de subordonnée relative. Si on écrivait « zépis-la », cela voudrait dire « l'épice », or le sens de cette phrase est « la femme qui vend des épices » et pas « *la femme qui vend l'épice » (ce qui n'a d'ailleurs guère de sens). On peut cependant avoir en fin de relative un nom accompagné d'un déterminant défini + une répétition de « la », comme dans :
Madanm-la ki ka vann kaz-la la (la dame qui vend la maison) : il arrive que certains locuteurs omettent le dernier « la » en fin de phrase et disent simplement « Madanm-la ki ka vann kaz-la ». Mais il faut impérativement garder le trait d'union pour distinguer cette phrase de : Madanm-la ki ka vann kaz la (la dame qui vend des maisons)