PHONOGRAPHÉMATIQUE CRÉOLE

Naissance et développement de l'alphabet

L'alphabet est connu comme étant une invention sémitique qui vit le jour vers 1500 av. J.C. au Sinaï, une péninsule montagneuse et désertique d'Egypte à l'est du canal de Suez. Mariant le principe idéographique et le principe phonographique, cet alphabet se situait quelque part à mi-chemin entre les hiéroglyphes et les cunéiformes dont il s'était imprégné :

« L'alphabet, qui éliminait des centaines d'idéogrammes symboliques de mots ou de syllabes, et qui ne retenait que le minimum de sons simples, devait certainement beaucoup aux hiéroglyphes des Egyptiens que côtoyaient les nomades, notamment dans le Sinaï. Et pourtant, sa première expression fut cunéiforme, en utilisant l'argile comme support... »[1]

Mais la configuration même des langues sémitiques n'était certainement pas étrangère à l'évolution des cunéiformes et hiéroglyphes vers le principe alphabétique.

« Chacun des mots y est formé d'une racine consonantique qui porte le sens tandis que les voyelles (trois à l'origine : a, i, u) et certaines modifications consonantiques indiquent plutôt la fonction grammaticale »

(Louis-Jean Calvet, 1996 : 123).

Le principe était, en partant d'un schéma consonantique défini, de lui adjoindre les voyelles et accessoirement une autre consonne, sans que le sens fondamental ne soit modifié : les items ainsi formés avaient toujours entre eux un rapport sémantique.

Parmi les peuples sémites, c'est aux Phéniciens en particulier que revient le mérite d'avoir répandu l'alphabet consonantique aux alentours de l'an 1000 av. J.C. Ce furent ces mêmes Phéniciens qui, partant à la conquête de la Méditerranée, se heurtèrent aux Grecs à qui ils transmirent leur alphabet, qui devait donner naissance, vers 800 av. J.C., à l'alphabet grec moderne avec voyelles.

Puis les Romains, par suite de leurs contacts prolongés avec les Grecs et les Étrusques, lesquels utilisent des alphabets très proches, dotèrent le latin d'un alphabet propre au VI ème siècle av. J.C., vraisemblablement par dérivation directe. Les immenses conquêtes romaines firent de l'écriture une pratique courante et l'alphabet latin fut adopté, jusqu'à nos jours, dans tout l'Occident. Le français et l'anglais, deux des langues les plus parlées au monde aujourd'hui, ont joué un rôle non négligeable dans l'établissement de cet alphabet comme alphabet dominant. Le prestige dont jouissent ces deux idiomes ne leur a pourtant pas toujours été reconnu.

  1. « L'alphabet, qui éliminait des centaines d'idéogrammes symboliques de mots ou de syllabes, et qui ne retenait que le minimum de sons simples, devait certainement beaucoup aux hiéroglyphes des Egyptiens que côtoyaient les nomades, notamment dans le Sinaï. Et pourtant, sa première expression fut cunéiforme, en utilisant l'argile comme support... »

    P. Amiet, 1982, ‘Introduction historique', in Naissance de l'écriture, Paris, Réunion des musées nationaux.

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