Le choix des tâches qui constituent l'échelle
Binet se rend bien compte qu'effectivement le raisonnement fait appel à des connaissances, par exemple il va utiliser les pièces de monnaie ou d'autres connaissances de tous les jours, qui font partie du support de notre raisonnement, il n'y a pas de raisonnement qui existerait dans l'abstrait indépendant d'un support concret.
Voilà le genre de situations qu'il trouve et pas mal de petites tâches que Binet avait imaginées sont encore utilisées dans d'autres tests aujourd'hui, il faut avoir en tête que ces tâches il ne faut pas non plus les surévaluer, elles n'ont pas d'intérêt en elles-mêmes en fait, il faut avoir l'idée que les tâches qui sont utilisées dans un test d'intelligence, ce sont des échantillons dans un univers de tâches possibles. On peut se mettre autour d'une table, on peut imaginer des tâches qui demandent à un sujet de raisonner, on peut en créer 100, 1 000, des milliers, et on va en prendre un certain nombre, mais ce n'est jamais qu'un échantillon, on est vraiment dans la même logique qu'un sondage d'opinion ; au fond les personnes qu'on interroge dans un sondage d'opinion, ne sont en elles-mêmes pas intéressantes, elles n'intéressent pas le sondeur, ce n'est pas Jean ou Paul qui intéresse, c'est ces personnes en tant que membres d'une population. Quand on évalue l'intelligence, c'est ce que va faire Binet, il a une vaste gamme de tâches possibles, il en choisit comme, dans une autre analogie, un géologue qui veut se faire une idée de la nature du terrain qu'il explore va faire des sondages dans le sol, pourquoi à cet endroit-là et pas dix centimètres plus loin, dix centimètres à gauche ou à droite ? c'est comme ça, si on sait que si on a fait des sondages suffisants et suffisamment variés, on va se faire une idée assez correcte de la nature du terrain ou, comme le sondeur, si j'ai interrogé un nombre suffisamment important et suffisamment varié de sujets, je peux me faire une idée de l'opinion des Français sur un sujet donné. C'est juste la même chose au niveau intellectuel, si je prends une gamme de tâches variées, c'est la logique dans laquelle s'inscrit tout à fait Binet, alors je peux me faire effectivement une idée assez correcte on ne mesure pas ici au millimètre, une bonne estimation de la capacité intellectuelle du sujet. L'important, et Binet est très clair là-dessus, c'est que les tâches soient nombreuses et variées, mais pourquoi celle-là, parfois d'autres, il constate qu'elles marchent, elles différencient les sujets et que si j'en prends un certain nombre j'arrive à une bonne estimation qui me permet de faire des prédictions sur, par exemple, la capacité d'apprentissage, sur la différence de réussite de sujet , et ça effectivement le critère de validité des tâches que j'ai choisies.
