Méthodologie en histoire des sciences

Une question :

Les Nouvelles annales de mathématiques affichent explicitement leur intention de s'adresser aux élèves préparant les concours. Dans quelle mesure et quand elles réussissent à être réellement le journal des candidats aux écoles polytechnique et normale ?

Une première approche fait apparaître que sur les 1835 contributeurs à la revue, 497 relèvent à un moment de leur collaboration avec les Nouvelles annales de la catégorie « élèves de lycée ». Dans le cas qui nous occupe, la question est donc de savoir qui, parmi tous les « élèves » identifiés, peut être considérés comme relevant de la catégorie « élève préparant un concours ».

Pour bien comprendre le problème, on rappelle que la catégorie « Élèves de lycée » réunit dans le champ « professions » les élèves qui se présentent soit comme des élèves de mathématiques spéciales, soit comme des élèves (de lycée)sans autre précision.

Illustration

Sur les 497 auteurs de la catégorie « élèves de lycée », 165 sont identifiés (se présentent) comme élèves de mathématiques spéciales et 338, comme élèves de lycée sans autre précision.

Remarque

Certains auteurs peuvent apparaître dans les deux classes (à des années différentes).

Les élèves des classes de mathématiques spéciales sont identifiés comme préparant les concours. Le problème concerne les élèves qui se déclarent élève d'un lycée. La question est de se demander dans quelle mesure les membres de cette catégorie prépare aussi les concours et n'ont pas déclaré explicitement être élève de classe préparatoire (soit parce qu'elles ne sont pas clairement identifiées – le cas de lycée de province, soit parce que c'est implicite). Il s'agit donc de tester s'il y a des différences significatives entre la population d'auteurs qui se déclarent « élève d'une classe de mathématiques spéciales » et celle qui se déclarent simplement « élève d'un lycée ». Point important d'éclaircir afin de savoir si dans les études ultérieures, on peut considérer que la grande majorité des 500 membres de la catégorie « élève de lycée » peuvent être considérés comme préparant les concours d'entrée aux grandes écoles.

Sur ces 497 auteurs, 267 vont intégrer l'École polytechnique (222) ou l'École normale supérieure (45), soit 54%. Sur les 165 qui se déclarent élèves de classes de mathématiques spéciales, 65% intègrent une de ces deux écoles.

Remarque

Ces informations sont fiables grâce aux bases d'anciens élèves (http://bibli.polytechnique.fr/F/?func=file&file_name=find-b&local_base=BCXC2 pour l'École polytechnique et http://www.archicubes.ens.fr/lannuaire# pour l'École normale supérieure).

La base de données fait apparaître qu'une part relativement faible de candidats reçus continue à contribuer aux Nouvelles annales – un premier indice tendant montrant que les NAM sont bien un journal de candidats aux concours.

Un test pour étendre la catégorie des élèves préparant un concours au-delà des élèves de ceux se déclarant élève de mathématiques spéciales.

Partant de la population des 267 individus apparaissant dans la catégorie des élèves de lycée ayant intégré l'École polytechnique ou à l'École normale supérieure, on effectue l'opération :

<Année de promotion X ou ENS de l'élève> - <Année du volume des NAM où l'individu apparait comme auteur>

On ne conserve que les résultats compris entre 0 et 2 (filtre 0, 1, 2). On obtient ainsi une population de 244 auteurs qui ont publié dans les Nouvelles annales juste avant (moins de deux ans) d'entrer à l'École polytechnique ou à l'École normale supérieure, donc qui collaborent à la revue à un moment de leur scolarité où ils préparent un concours.

Remarque

Si on réduit l'amplitude du filtre de 1 an (décalage de 0 ou 1 an) on obtient alors une population de 226 auteurs.

On peut raisonnablement penser que la population ainsi identifiée est une population d'élèves préparant les concours des grandes écoles... et si l'on tient compte que tout le monde ne réussit pas, est-il légitime de considérer que les auteurs de la catégorie « élèves de lycée » et ceux de la catégorie « élèves de classes de mathématiques supérieures » doivent être réunies.

Remarque

Une telle discussion est à croiser avec l'histoire des classes préparatoires (leur création, leur extension, le rôle des institutions privées).

Sur la première période (1842-1862), on recense 35 « élèves de classe préparatoire » et 204 « élèves de lycée » avec une très faible intersection entre les deux catégories (3).

Remarque

Le faible effectif d'élève de classe préparatoire n'est pas choquant puisque ce n'est qu'en 1852 qu'est créée officiellement une classe de mathématiques spéciales postérieure au cycle secondaire (dans une quinzaine de lycées).

En retenant un décalage maximum de deux ans entre les contributions aux Nouvelles annales et l'intégration dans une grande école, on obtient une population de 109 auteurs (avec un décalage 1 an, 101 auteurs), 17 (48%) provenant des classes de mathématiques spéciales, 92 (45%) s'étant identifié comme élève de lycée.

Sur la seconde période (1863-1895), on recense 134 « élèves de classe préparatoire » et 133 « élèves de lycée » avec de nouveau une très faible intersection entre les deux catégories (6).

En retenant un décalage maximum de deux ans entre les contributions aux Nouvelles annales et l'intégration dans une grande école, on obtient une population de 142 auteurs (avec un décalage 1 an, 101 auteurs), 93 (69%) provenant des classes de mathématiques spéciales, 49 (37%) s'étant identifiés comme élève de lycée.

Sur la première période, les deux populations semblent homogènes ; par contre sur la seconde période, il semble difficile d'identifier les deux populations.

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