Support d'enquête
Enfin, l'une des questions que l'on doit nécessairement considérer lorsque l'on part enquêter, c'est de savoir sur quel support l'on va fixer les données récoltées et comment l'on va organiser ces dernières. Car, si pendant son passage sur le terrain l'enquêteur peut déjà procéder à quelques interprétations in situ, son analyse ne s'arrête pas une fois qu'il a quitté le terrain : bien au contraire, l'analyse se fomente après que l'étude de terrain soit achevée, et se construit sur la base des données observées qui, pour être correctement exploitables, doivent avoir été mises en forme.
La question de la fixation des données n'est donc pas si anodine qu'il y paraît, car entre une prise de note où l'on risque de manquer certains éléments cruciaux au cours de l'entretien et un enregistrement qui est susceptible de mettre mal à l'aise l'informateur, il importe à l'enquêteur de faire le choix le plus judicieux en adéquation avec l'obet et la nature de l'enquête. Ici, en l'occurrence, nous avons fait le choix de l'enregistrement sur un lecteur/enregistreur numérique; nous avons jugé ce moyen plus efficace, parce qu'il permet de fixer définitivement les données dans leur entier en temps réel, qui peuvent ainsi être réécoutées autant de fois que nécessaire ultérieurement. Qui plus est, une prise de notes était assurément de nature incompatible avec un exercice de lecture, car non seulement nous n'aurions pas eu le temps de noter tout ce qui nous intéressait, mais encore, en notant, notre attention se serait détachée de la lecture, dont nous aurions manqué des parties du contenu.
Ensuite, « chacun peut se rendre compte que la symétrie ou l'asymétrie des positions est déterminante dans une conversation comme dans un entretien » (Blanchet & Gotman, 2001 : 72). Bien que la multiplicité des environnements et des situations mette à mal l'idée d'une configuration type des places sur la scène d'enquête, nous avons généralement pu répéter une disposition spatiale qui nous semblait propice à la convivialité de l'échange : assis face à l'informateur, nous placions l'enregistreur numérique sur le côté, qui était vite oublié.