PHONOGRAPHÉMATIQUE CRÉOLE

Méthode d'enquête et mode d'accès aux enquêtés

Cherchant à faire le bilan de l'expérience du passage à l'écrit du créole et à en faire une évaluation constructive, il nous a paru naturel que le test soumis aux informateurs prenne la forme d'un exercice de lecture. À cet effet, nous avons prévu, pour chacune des trois variétés de créole, trois textes graphiés de façon différente, de manière à confronter un même informateur à trois encodages graphiques distincts: chaque informateur est ainsi confronté à un premier texte en écriture étymologique, un second texte en graphie GEREC 1 et un troisième texte dans la graphie expérimentale que nous souhaitons tester (celle-ci inclut la graphie GEREC 2).

Les textes sont respectivement :[1]

• pour l'écriture étymologique, un texte émanant d'un auteur local : il s'agit d'un texte tiré de Dix bel conte douvant cyclône (Chanbertrand) pour la Guadeloupe, d'un extrait d'Atipa (Parépou) pour la Guyane et d'un texte tiré de Fab Compè Zicaque (Gratiant) pour la Martinique;

• pour la graphie GEREC 1, un texte tiré de l'ouvrage Zayann (Poullet & Telchid), intitulé Genbo épi Rakoun. Il s'agit d'un texte en créole guadeloupéen que nous avons ensuite adapté en créole martiniquais et guyanais;

• pour la graphie expérimentale, un texte également tiré de Zayann, intitulé Tikrikett épi Foumi, transposé dans la graphie souhaitée par nos soins, puis adapté en créole martiniquais et guyanais.

Suite au test de lecture, qui est un test de décodage, une deuxième étape d'enquête, complémentaire, prendra la forme d'un exercice d'encodage graphique. Nous soumettrons donc les informateurs à une courte dictée de cinq phrases, conçues volontairement par nos soins afin de maximiser les occurrences des principes graphiques que nous souhaitons étudier[2].

Il convient alors de préciser le mode d'accès aux enquêtés, qui doit obéir au principe de neutralité. Dans le cadre de cette enquête, le choix de nos informateurs s'est fait sur la base d'une combinaison de deux modes d'accès : un mode d'accès direct et un mode d'accès indirect.

Les modes d'accès directs, reconnus comme les plus fiables en matière de neutralité, consistent à établir un contact direct avec l'enquêté (face à face, porte-à-porte, etc...) et présentent l'avantage singulier d'instaurer un cadre intimiste et/ou de jouer de l'effet de surprise au sens où l'informateur, qui doit répondre à une requête inattendue et immédiate, n'aura pas préalablement cherché à se mettre en condition. Dans des territoires où le porte-à-porte est souvent mal perçu et les individus qui le pratiquent immédiatement catalogués (avant même d'avoir eu le temps de se présenter) en tant d'indésirables visiteurs membres d'une secte ou représentants commerciaux, nous avons préféré faire notre approche directe au cours de marches d'observation et de prospection dans des lieux publics.

Les modes d'accès indirects, qui se font par l'entremise de tiers, nous ont également paru souhaitables dans la mesure où, comme nous l'avons indiqué antérieurement, nous recherchons, à l'intérieur des populations enquêtées, deux types de publics ciblés (initiés et non-initiés). Dans le cadre des modes d'accès indirects, contrairement aux modes directs, les enquêtes se déroulent souvent au domicile des informateurs. Aussi, ainsi que le rappellent Blanchet et Gotman (2003 : 57), les modes d'accès indirects présentent des avantages non négligeables :

Ils sont essentiellement employés pour leur sélectivité, lorsque l'on veut accéder à une population spécifique qui n'est pas localisée, lorsque l'on veut atteindre une population localisée sur des critères extérieurs à ce qui la constitue, ou tout simplement pour maximiser les chances d'acceptation.

  1. Les textes sont respectivement

    L'intégralité de chaque texte soumis aux informateurs se trouve en document annexe.

  2. étudier

    Voir en document annexe.

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