Introduction
Les zones où se pratique un créole à base lexicale française sont arrivées à un moment crucial marqué par l'existence, depuis près de trois décennies, de systèmes graphiques plus ou moins officialisés utilisés pour des besoins scolaires et extrascolaires. Ces systèmes présentent la caractéristique commune d'avoir une base phonétique et on leur reproche souvent d'être difficiles à lire, même quand ils sont maîtrisés. Cela provoquerait certaines dérives collatérales, notamment au travers d'une supposée dysorthographie, voire certaines tendances à la dyslexie se manifestant dans la notation du français scolaire et ce, même si les technologies nouvelles de communication par le net ou les SMS ont tendance à favoriser des pratiques phonétisantes. On est en présence d'un paradoxe certain. Au moment où le créole est appelé à une reconnaissance accrue dans une école où le français joue un rôle crucial et puissamment majoritaire, les créolistes de l'Université des Antilles et de la Guyane ont voulu procéder à une évaluation de la graphie GEREC et réfléchir à la mise en place d'éventuelles nouvelles orientations visant, dans le cadre d'une approche écolinguistique, à une révision et une intégration maximale des graphies des créoles à base lexicale française des deux grandes zones concernées, quelle que soit la langue de contact de ces créoles (français ou anglais).
Le contenu qui suit est le fruit d'une journée d'étude réalisée sur le campus de Scœlcher (Martinique) en juin 2008 pendant laquelle ont été avancées et expérimentées des propositions, dont on livre ici les premiers résultats bruts.