Éducabilité de l'intelligence
Ce qui est important c'est que, pour Binet, l'intelligence n'est pas une sorte de quantité dont on dispose a priori et qui serait intangible, une sorte de stock que l'enfant aurait à sa naissance, qui pourrait être le support de son éducation mais qui ne pourrait pas être modifié en tant que tel. Binet montre au contraire que moyennant la pédagogie appropriée il y a un assouplissement intellectuel, un entraînement mental qui peut aboutir à une éducabilité de l'intelligence et il utilise lui-même ce terme littéralement dans son dernier ouvrage écrit en 1909 et publié en 1911, « Les idées modernes sur les enfants ».
Binet a toujours été persuadé que l'intelligence était éducable, que l'éducation telle qu'elle était apportée par l'école, par les familles , (il le dit aussi très nettement), qu'un enfant qui était baigné par un vocabulaire riche, acquérait plus de vocabulaire et que son intelligence s'en trouvait affermie. Il a toujours pensé ça, alors peut-être que sa disparition brutale ne lui a pas permis de suivre des cohortes sur de longues périodes ce qui l'aurait peut-être amené à se rendre compte que, sur de grands groupes, quand on fait des tests et re-tests, la corrélation est élevée, même des années après, que les choses ne bougent pas tant que ça ; mais pour se rendre compte de cela, encore faut-il disposer de l'outil qu'est le QI qui nous permet de vérifier que, malgré les âges, le quotient est toujours le même entre l'âge mental et l'âge réel, lui ne disposait que de l'âge mental, mais ce qui allait bien dans sa perspective qui était une perspective d'éducation, d'aide aux enfants, qui n'était pas une perspective de stigmatisation.
