On ne cherche pas à définir l'intelligence aux USA à cette époque
Il y a une revue américaine du milieu des années 1910, 1917 si ma mémoire est bonne, qui essaye de mobiliser la communauté des psychologues pour les inciter à expliciter ce qu'ils entendent par la notion d'intelligence, alors on est frappé par deux choses en regardant ce numéro spécial de la revue : premièrement, c'est Un numéro spécial d'Une revue qui s'intéresse et qui donne le sentiment de dire : « on fait pause, on s'intéresse à ce qu'on entend par intelligence », c'est une revue parmi toutes les revues, parmi la littérature, parmi des kilomètres de bibliothèques, parmi des dizaines de pages, des centaines de pages, des milliers de pages qui sont consacrées à l'amélioration des tests d'intelligence, on n'aura quasiment qu'une revue qui fait un numéro spécial dans les années 1910, c'est le premier élément frappant.
Le second élément frappant quand on regarde cette revue, quand on regarde le contenu des articles qui sont pourtant signés des plus grands psychologues de l'époque, en tout cas grands au sens où ce sont ceux qui mettent en œuvre ces outils, qui sont les promoteurs de ces outils, ils sont tous présents dans ce numéro, ils signent tous un article dans ce numéro, on est frappé par la pauvreté de leurs pensées sur la notion d'intelligence, très vite, dépassées quelques généralités sur l'intelligence et la capacité à faire face, la capacité à réfléchir, la capacité à avoir de la mémoire, la capacité à mobiliser un raisonnement, la capacité à mobiliser des connaissances pour résoudre un problème, une fois qu'on a dépassé ces grandes généralités, on en arrive très vite à « l'intelligence c'est ce que mesure mon instrument », et on a très souvent accusé Binet ou dit que Binet avait défini son outil de mesure de l'intelligence, en disant : « l'intelligence c'est ce que mesure mon outil », sauf erreur de ma part c'est faux, Binet n'a jamais écrit cela, il n'a jamais dit que son outil de mesure permettait de définir l'intelligence, en revanche c'est ce qui se passe exactement dans le contexte américain. Les psychologues américains sont à la peine lorsqu'on leur demande la définition de l'intelligence, ils sont dans l'embarras lorsqu'on leur demande la définition de l'intelligence, en revanche ils adoptent presque tous, tous pourrait-on dire, une attitude opérationnaliste, une conception, une posture épistémologique très opérationnelle, très pragmatique, qui consiste à dire : « mon intelligence ou l'intelligence des individus, c'est le résultat du score, le résultat du test », ça ne va pas beaucoup plus loin que cela, c'est un peu sévère de dire cela mais c'est en tout cas le sentiment, le premier sentiment étayé qui sort de la lecture de la littérature psychologique américaine des années 1910, 1920, qui passe beaucoup de temps à améliorer les tests, à affiner les tests, qui passe beaucoup de temps à faire des analyses statistiques des résultats aux tests, mais qui passe un temps beaucoup plus mince, pourrait-on dire ridicule à réfléchir à ce qu'on entend par intelligence.