Les friches des usines d'Homécourt et d'Auboué, des vides au cœur de la ville
Les deux espaces vides (au premier plan et au centre-droit) sont des friches non encore totalement traitées en 1994 et issues du démantèlement de la sidérurgie dans cette vallée industrielle de l'Orne, encaissée dans un plateau forestier. Le tissu urbain, essentiellement constitué de cités ouvrières[1] de différentes générations, apparaît curieusement décousu en raison de ces vides, autrefois occupés par les usines placées au cœur des communes.
Complément :
La vallée de l'Orne comportait l'une des plus fortes concentrations sidérurgiques de la Lorraine du Nord. Les versants[2] abrupts de cette vallée resserrée donnaient en effet un accès facile au gisement de minerai de fer[3] extrait par galeries. Les mines ont tout naturellement donné naissance à plusieurs complexes sidérurgiques qui s'échelonnaient dans le fond de vallée jusqu'à la confluence avec la Moselle. La fracture surimposée de facto entre 1870 et 1918 a créé deux systèmes industriels concurrents qui se tournaient plus le dos qu'ils ne collaboraient entre eux. Chaque usine a généré un ensemble urbain principalement composé de cités ouvrières à la disposition géométrique et bien repérables sur cette photo. Le cliché, orienté dans l'axe de la vallée de l'amont vers l'aval, montre cette succession de villes-usines[4] aujourd'hui déchues. En effet, les usines sidérurgiques[5] de la vallée, enclavées et avec peu de possibilités d'extension et donc de modernisation, ont fermé dès le début de la crise et ont été rapidement démantelées, laissant ces impressionnants vides qui ne sont pas beaucoup plus réoccupés en 2009 qu'en 1994, à la date du cliché.
Photographie : A. Humbert - Commentaire : S. Edelblutte