Binet chez Charcot
Charcot fait des présentations de malades et il y assiste avec Ferré, d'ailleurs Freud assistera aussi à ces présentations ; c'est un peu un passage obligé en France pour essayer de prendre contact avec la psychologie clinique, mais à l'intérieur de l'hôpital. C'est un contexte qui va déterminer aussi la nature des objets sur quoi on travaille, on va travailler essentiellement sur le magnétisme, sur l'hystérie, sur la polarité psychique donc sur des questions de pathologie ou de dysfonctionnement de l'esprit voire un petit peu aussi de l'inconscient mais pas du tout l'inconscient freudien ; on est toujours là dans une approche presque neurologique et donc Binet se trouve confronté à une explication neurologique de beaucoup de pathologies du cerveau et en même temps Charcot fait la démonstration à travers l'hystérie qu'il y a certainement aussi des pathologies qui ne sont pas causées par des dysfonctionnements cérébraux et donc qui seraient strictement mentales. Elles vont intéresser Binet qui sollicite la mémoire, la perception, la prise d'informations, car c'est à ce moment-là qu'il va concourir pour l'Académie des sciences et des lettres autour de la perception extérieure en 1887.
Ce manuscrit que nous avons retrouvé à l'Académie est très proche des travaux qui se font à ce moment-là autour de 1885, 87, 88, autour de ce problème de la perception et donc de l'hallucination, de la difficulté à distinguer une information vraie d'une information fabriquée par l'esprit et qui pourrait abuser l'esprit dans son fonctionnement. C'est une approche qu'on qualifierait aujourd'hui de cognitive (le sens de cognitif n'existe pas à ce moment-là) mais qui passe très concrètement par une étude de cas clinique.