Le cas Dufour
Dans ses écrits de 1911, il évoque le cas d'un jeune qu'il nomme, il donne son nom, le jeune Dufour, c'est intéressant parce que c'est ce qu'on appellerait aujourd'hui un cas clinique et on voit toute la sensibilité de Binet par rapport à ça, c'est un jeune enfant de douze ans, le nommé Dufour, il présente un niveau intellectuel de douze ans, c'est un enfant qui aurait aujourd'hui un QI de cent, qui a un âge mental en accord avec son âge réel, mais il est donc, selon une terminologie de Binet, régulier de l'intelligence, mais pour l'instruction quel retard ! dit-il, il est en cours élémentaire deuxième année , on est en cours élémentaire deuxième année à huit ans. Son maître, à qui nous demandons divers renseignements sur les élèves, dit que le milieu est peu instruit, peu favorable au progrès intellectuel, (donc Binet fait toujours attention au milieu), que l'enfant est resté très tard à la campagne (c'est une époque à la campagne où justement on essayait de garder les enfants plus pour la force de leurs bras que pour leurs études), qu'il fréquente l'école simplement depuis six mois parce que sa fréquentation était peu régulière pour cause de maladie, et donc Binet en déduit que ces renseignements, quoique brefs indiquent clairement que le retard d'instruction de Dufour n'est pas le résultat d'un état d'arriération, mais d'un manque de scolarisation, et puis donc à partir de ces éléments-là qu'il a repérés, il dit, nous avons donc appris depuis que ce jeune élève fait des progrès rapides et qu'il est en train de rattraper le temps perdu. Il y avait dans cette approche de Binet le repérage d'enfants qui étaient, dirait-on aujourd'hui disharmonieux, entre leurs capacités intellectuelles et puis les capacités scolaires, donc il voulait repérer ces enfants-là et il dit même dans un autre texte que le repérage des enfants constitue, commence déjà d'être une aide à l'éducation, c'est dans les idées modernes sur les enfants, l'explication doit contenir un remède, c'est-à-dire qu'à partir du moment où on va repérer qu'un enfant n'a pas de retard, un retard scolaire mais des capacités intellectuelles de son âge, cette explication-là déjà contient le remède, parce que l'enseignant, on va le convaincre, on va faire partager sa conviction avec l'enseignant et lui-même va pouvoir simplement par le regard posé sur l'enfant lui permettre de rattraper.
