Comment Binet teste la graphologie
Pour Binet toutes sciences nouvelles comme la graphologie doivent pouvoir subir le contrôle de l'expérience, si on veut évaluer la scientificité de telle ou telle méthode, il faut faire des séries d'expériences, valider expérimentalement les techniques. C'est bien la question de l'intelligence qui est au centre ici du questionnement de Binet, l'écriture peut-elle nous donner des indications sur l'intelligence d'un individu ? alors il ne va pas s'attaquer directement au départ à la question de l'intelligence, il va procéder en scientifique, il va d'abord choisir des situations simples, d'abord se poser la question est-ce que lorsqu'on a une écriture on peut déterminer le sexe ? est-ce que c'est un garçon ? est-ce que c'est une fille. il propose des exemples d'écritures que sont généralement des adresses, sa propre adresse au laboratoire de la Sorbonne écrite par différentes personnes, des hommes, des femmes et il s'aperçoit que si on propose ces adresses à des graphologues et même à des non graphologues, et bien les gens, graphologues ou non graphologues s'en sortent bien pour déterminer si l'écriture est l'écriture d'une femme ou d'un homme, donc la détermination du sexe est possible par la graphologie. Ensuite il va compliquer un peu les choses et puis il va se poser la question de savoir si on peut déterminer l'âge du scripteur en utilisant la graphologie, donc il utilise les mêmes techniques, il interroge à la fois des graphologues dont Crépieux-Jamin qui va être son graphologue professionnel et d'autres graphologues aussi, et puis des sujets naïfs, des instituteurs, des étudiants, il va montrer là que c'est plus difficile d'estimer l'âge du scripteur que le sexe, garçon ou fille ; on a toute une hiérarchie d'âge qu'il faut estimer, il montre tout de même que les graphologues font des erreurs, moins que les sujets naïfs, mais il considère que les graphologues sont capables d'estimer à quelle tranche d'âge on peut affecter tel ou tel type d'écriture, et c'est ensuite donc progressivement qu'il essaye de voir si on peut déterminer l'intelligence avec la même méthode, avec des graphologues, avec des non graphologues, est-ce que l'écriture donne des indications sur l'intelligence des sujets ? et il montre que là aussi l'expérience n'est pas négative, les sujets peuvent, (en particulier les graphologues) estimer l'intelligence de quelqu'un à travers la graphologie, donc au final il dit que la graphologie peut être utile pour déterminer l'intelligence d'un individu mais avec des risques d'erreurs importants.
Donc il est le premier en fait à avoir donné des preuves scientifiques montrant que la graphologie peut être, dans une certaine mesure, une science et pas simplement un art. Il y a certaines personnes qui sont capables réellement d'avoir des performances élevées et en particulier il souligne l'aptitude de Jules Crépieux-Jamin dans ce genre d'exercice qui va obtenir des performances qui sont très honorables à tout un ensemble d'épreuves même destinées à mesurer le caractère des individus, alors pour ça il a pris comme matériel des écrits de grands criminels mélangés à des écrits de sujets qui étaient normaux, et il a donné ces écrits à des graphologues professionnels pour voir comment ils allaient se tirer d'affaire, déterminer si ils arrivaient à voir que telle écriture était d'un assassin, il montre que les résultats sont tout de même mitigés, celui qui s'en sort le mieux c'est toujours Jules Crépieux-Jamin, il s'en sort très bien, mais les autres graphologues s'en sortent plutôt mal de ce type d'exercice.