Méthodologie en histoire des sciences

Un moyen de communication inventé par les collectifs scientifiques et techniques de manière récursive

La chaîne d'innovation des listes (inventeur – ingénieur ou scientifique – puis industrialisation par les télécoms pour l'équipement de la société) est un peu différente des autres médias. Les listes ont d'abord été un moyen de communication entre pairs, proche de l'idéal de la « communauté scientifique » selon le modèle de Merton (mise en commun des connaissances, scepticisme organisé...). A la fois héritier et différent de la communication en réseau de l'Europe des savants: elles n'ont pas le côté formalisé de la correspondance des lumières, où la lettre « fait » œuvre », est lue, est souvent publiée. Mais d'un autre côté, elles engagent un certain nombre de rituels entre « style scientifique » et « esprit de réseau » (Mourlhon-Dallies et Colin).

Des « publics récursifs » (selon la définition de l'anthropologue C. Kelty qui reprend le concept d'Habermas) développent les moyens de communication avec les mêmes techniques qui constituent leur cœur de métier (informaticiens) et qui constituent l'objet même des débats au sein du public. La messagerie électronique est un outil et un objet d'innovation en informatique de réseau. (Cf. utilisation des premières listes de diffusion dans les 70s pour tester la résistance, l'extension et les limites d'Arpanet, tout en les utilisant pour commencer à discuter de sujets non professionnels comme les listes de science fiction, très populaires).

Il s'est agi d'une nouvelle forme d'expérimentalisme, hors laboratoire, hors programmes de recherche, une forme de rapport à la pratique de type hacker; bricolage, test de limites...une épistémologie pragmatique de l'ingénierie de réseau.

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