Les récits de deux pèlerins
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Lire attentivement les deux textes suivants et observer le document n° 3 (image) en étant attentif aux points suivants, puis compléter le texte à trous qui suit.
Pistes de réflexion :
- Qui sont les auteurs : homme / femme ; origine et fonction sociale ; origine géographique
- Quelles sont les circonstances du voyage ? Sont-ils seuls ou en groupe ? Quelles sont leurs motivations ?
- Quel est l'écart entre le voyage et la publication du texte ?
- L'auteur s'exprime-t-il en tant qu'individu ou tient-il un discours plus généralisant ?
- Quel est le plan du texte ?
- Les descriptions concordent-elles ?
- Quelle est la place des sentiments, de l'affectif et du spirituel ?
- Quelle place chaque auteur accorde-t-il aux épisodes bibliques ? (Retrouver dans la bible les épisodes en question)
- Sur quels supports (paysages, objets, lectures bibliques) le pèlerinage s'appuie-t-il ?
Document n° 1.
Auteur : Victoire COCHET DU VAUBESNARD
Circonstances : Pèlerinage à Jérusalem commencé le 21 août 1879, rassemblant 14 prêtres et 5 laïcs, et parmi ces derniers, deux femmes. L'embarquement a lieu à Marseille.
Références du texte : Jérusalem si jamais je t'oublie ! Pèlerinage français en Terre sainte, septembre 1879. Souvenirs d'une pèlerine bretonne, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1880.
« Le lendemain de bon matin, nous sortons, ma compagne et moi, [...] et nous nous rendons à la suite de trois prêtres du pèlerinage qui doivent y célébrer la sainte Messe, à la Sainte Grotte de l'Agonie. En conséquence, nous prenons la voie douloureuse à peu près dans toute sa longueur, et nous arrivons à la porte dite de Saint Etienne. Après avoir franchi cette porte qui s'ouvre sur Gethsémani, on se trouve à l'endroit même où le diacre Etienne a été lapidé pour le nom de Jésus Christ et a mérité le beau titre de premier martyr. [...] Nous descendons au fond de la vallée, qui est celle de Josaphat, où nous serons tous jugés.
Nous voici au pied de la montagne des Oliviers, après avoir passé un pont en pierre et à une seule arche jeté sur un torrent de Cédron, presque toujours à sec. A quelques pas vers la gauche est l'entrée de l'église souterraine qui renferme le tombeau de la très-sainte Vierge. [...] Un peu plus loin sur la gauche, on trouve la grotte de l'agonie à la distance d'un jet de pierre du jardin des Oliviers. Nous y pénétrons, mais avec quel saisissement ! Nous voici donc sur le lieu où Jésus a accepté le calice de sa passion, où il a sué une sueur de sang, enduré la plus cruelle agonie, où il a été consolé et fortifié par un ange. Quelle faveur insigne de pouvoir pénétrer dans ce sanctuaire, témoin des agonies et des angoisses de mon Dieu ; combien je m'en sens indigne et combien je vous en remercie, ô Jésus ! [...] Je n'essaierai pas de peindre les sentiments que j'éprouvai alors. Mon cœur débordait de joie et de tristesse, et je ne pouvais maîtriser mes émotions, tant elles étaient vives et pénétrantes.
La grotte de l'agonie est dans l'état où plusieurs personnes voudraient que fussent les autres sanctuaires, c'est-à-dire comme elle était au temps de Notre-Seigneur [...]. La sainte grotte de l'agonie faisait autrefois partie du jardin des Oliviers. Elle en est séparée aujourd'hui par un chemin public conduisant au sommet de la montagne des Oliviers, qu'on appelle aussi de l'Ascension, parce que c'est du haut de cette montagne que Notre-Seigneur monta au ciel quarante jours après sa résurrection. [...] Toute entière dans le rocher, elle est de forme à peu près ronde, et peut mesurer environ quarante mètres de circonférence. Au milieu de la voûte, soutenue par trois énormes piliers provenant du rocher lui-même, se trouve une ouverture assez vaste pour donner un demi-jour et la vue du ciel. Sur cette ouverture s'étend une grille de fer destinée, dit-on, à retenir les pierres que les Juifs et les Turcs y jettent quelques fois. Je crois que c'est rare ; en tous cas, je n'ai jamais été témoin d'aucune malveillance à cet égard.
[...] Il est écrit qu'étant tombé en agonie, [Notre-Seigneur] prolongeait sa prière Factus in agonia prolixius orabat. A mon tour, j'y ai prié de tout mon cœur en union avec la prière du Divin Agonisant ; j'y ai demandé en particulier, pour moi et les miens, la grâce d'une sainte agonie et d'une sainte mort quand l'heure en sera venue.
[...] Mais vous avez hâte, cher lecteur, d'entrer avec nous au Jardin des Oliviers. Ce jardin est entouré d'un mur très élevé et très solide pour le soustraire aux profanations. L'entrée se trouve en face du mont de l'Ascension. La porte est en fer, très basse et toujours soigneusement fermée. Pour la faire ouvrir, on frappe vigoureusement et le jardinier accourt et vous accueille avec bonté. Vous entrez alors dans un carré de cinquante mètres à peu près. Notre bonheur est grand en contemplant ce jardin, le plus auguste qui soit sur la terre, en foulant aux pieds cette terre bénie et arrosée des sueurs et du sang d'un Dieu. Quelle grâce, quelle consolation de se voir en un lieu si saint ! Vous pouvez faire le tour et parcourir toutes les stations du chemin de la Croix, incrustées dans le mur d'enceinte.
[...] Vous pouvez vous approcher de ces oliviers vénérables, contemporains de Notre-Seigneur, qui a si souvent prié sous leurs ombrages. Vous pouvez les baiser et recueillir à terre les branches sèches que le vent a détachées ; il est défendu d'en cueillir dans l'arbre. [...] En tout ils sont au nombre de huit, et leur tronc est creux à l'intérieur.
[...] Tout près du jardin des Oliviers et en dehors se trouve un rocher plat. C'est là, croit-on communément, que Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, tandis que j'irai là pour prier ». A côté se trouve le lieu où le perfide Judas trahit son divin maître par un baiser ».
Document n° 2.
Auteur : Marcel LADOIRE, vicaire de la Terre Sainte
Il est franciscain. Il effectue son voyage à titre individuel mais l'année suivante il est nommé vicaire de la Terre Sainte (les franciscains possèdent un couvent à Jérusalem, au Jardin des Oliviers et c'est à ce titre qu'il publie son récit, pour sensibiliser notamment l'opinion afin de faire restaurer certains édifices.
Références du texte : Voyage fait à la Terre Sainte en l'année MDCCXIX contenant la description de la vie de Jérusalem tant Ancienne que Moderne, avec les mœurs et les coustumes des Turcs, Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1720.
« En quittant le lieu du martyre de saint Etienne, on descend dans la vallée de Josaphat, l'on passe sur un mont d'une seule arcade, qui traverse le torrent du Cédron ; quand on a passé ce pont, [...] l'on trouve à main gauche un petit chemin très étroit par lequel on entre dans la sacrée grotte de Getsémani où Notre-Seigneur sua sang et eau : cette grotte est grande, mais mal tenuë et mal propre, parce que nous ne pouvons pas empêcher les Turcs et les Arabes d'y entrer et d'y faire entrer leurs bestiaux ; il n'y a que deux autels taillés dans le rocher.
Le jardin des Olives est tout près de ladite grotte. On y voit huit gros oliviers qui paroissent très vieux, que l'on tient être du tems de Notre-Seigneur ; ils nous appartiennent, nous payons un Turc pour les garder & pour en cueillir les olives ; lorsqu'il les a cueillies il les porte à notre Convent. On les distribue ensuite à tous nos Religieux, qui font faire des chapelets de leurs noyaux ; ce saint Jardin est une petite plaine très agréable entre la montagne des Oliviers et la vallée de Josaphat. Par-dessus ce jardin, l'on voit une grosse roche, c'est l'endroit où les Apôtres etoient endormis lorsque Notre-Seigneur leur a dit : Vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi etc. A sept ou huits pas, l'on voit comme un petit chemin de dix à douze pas, qui se termine par un cul-de-sac. L'on tient que c'est l'endroit où les soldats qui cherchoient Jésus-Christ pour le prendre, furent renversez quand il prononça ces deux paroles : Ego sum [C'est moi] ; que c'est aussi l'endroit où saint Pierre coupa l'oreille à Malchus & où Judas donna un baiser à son divin Maître ».
[...] De ce saint lieu jusqu'au plus haut de la montagne des Olives il y a environ 300 pas à toujours monter par des chemins rudes et pierreux ; quand on est arrivé sur cette montagne, si l'on se tourne du côté de Jérusalem, l'on en découvre tous les endroits les plus remarquables, principalement la place où etoit le Temple de Salomon & la belle et magnifique Mosquée qui est bâtie dans son milieu ; si l'on jette les yeux vers le midi, l'on découvre Bethléem & un peu confusément la ville d'Hébron ; si l'on regarde vers l'orient, l'on voit le Jourdain, la mer Morte & les montagnes d'Arabie [...] ce qui me fait dire que cette montagne des Olives est la plus haute et la plus agréable de toutes celles qui sont aux environs de Jérusalem. [...] Mais ce n'est pas pour sa beauté qui charme les yeux que l'on se donne la peine d'y monter, c'est plutôt pour y révérer la sainteté & pour y adorer les sacrez vestiges que les pieds de Jésus Christ y ont laissez lorsqu'il est monté au Ciel ; c'est le dernier lieu, il est vrai, que ce divin Sauveur a sanctifié sur la terre par sa présence corporelle mais ce n'est pas le moins respectable ni le moins digne de nos pieuses vénérations. [...] On voit la pierre sur laquelle Notre Seigneur a laissé le vestige de son pied gauche enfoncé miraculeusement près de trois doigts dans ladite pierre ou roche, comme dans une masse de pâte ou de cire ».
Liste de mots
bénéfices spirituels - abstraite - rite - émotion – universel – XVIIIe siècle - expérience – passion du Christ – intime – XIXe siècle – chapelets - salut - guide touristique – objets - Ascension – jugement