La coexistence religieuse au XVIe siècle et aujourd'hui, à partir de l'histoire du pèlerinage de Dom Loupvent en 1531

Introduction

Les témoignages individuels

Les récits d'expériences personnelles sont sans doute les plus riches documents à la portée de l'enquêteur car on y lit ou voit des réponses à toutes les questions : pourquoi, qui, quand, comment etc. Toutefois, ces sources sont toujours sujettes à caution, et d'autant plus si le récit est publié car il faut alors soupçonner l'auteur de vouloir prêter à son expérience subjective une valeur universelle, ou d'embellir les choses, ou d'aggraver les péripéties pour donner un caractère dramatique et épique à son récit.

Ces documents appartiennent au registre des ego-documents ou « écrits personnels » ou encore « écrits du for privé », censés porter à notre connaissance les sentiments intimes des individus. Ils sont particulièrement intéressants pour l'étude du fait religieux, qui appartient justement à la sphère de l'intime donc échappe en partie à une appréhension « scientifique » : la dévotion, la spiritualité des individus etc. Ces sources sont très abondantes et méritent d'être approchées en nombre, car l'expérience d'un seul ne peut pas être significative des pratiques de toute une société.

La pratique d'écriture, notamment pour les récits de voyage, est très ancienne, aussi peut-on disposer d'une grande quantité de ces témoignages : textes médiévaux ayant fait l'objet d'éditions scientifiques, textes anciens ou contemporains diffusés, manuscrits restés dans le registre des documents familiaux ou privés ; témoignages oraux, audiovisuels ou web.

Une grille de lecture s'impose donc, qui reprend les critères de la critique historique traditionnelle : qui est l'auteur ? Quand voyage-t-il ? Pourquoi ? Pourquoi écrit-il ? Est-ce publié ? Diffusé ? A qui ?

D'autres questions se posent : ces témoins écrivent-ils dans un cadre institutionnel ? A la demande d'une personne qui a autorité sur eux (supérieur religieux, curé...) ? Quelle est leur spontanéité ? Leur pudeur ? Est-ce un « montage » réalisé dans le cadre d'un projet extérieur au témoin (une interview par un journaliste, voire un documentaire) ? Dans ce cas les questions pourraient avoir influencé le témoignage.

Dans le cas d'Internet, il faut particulièrement être attentif au contexte d'écriture : est-ce un site diocésain ou paroissial, donc institutionnel ? Un blog où la spontanéité sera plus importante ?

Ce sont donc des sources qui ne sont jamais neutres.

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