Alfred Binet - naissance de la psychologie scientifique

Psychologie et sociologie dans les sciences de l'éducation

Vous allez avoir des collaborateurs d'Alfred Binet, deux médecins Jean Philippe et Georges Paul Boncourt qui vont en 1906 lancer une revue dans le prolongement des travaux de la Société libre pour l'étude psychologique de l'enfant et cette revue va s'intituler « L'éducateur moderne » et Roger Cousinet en tant que secrétaire de cette revue, L'éducateur moderne va véritablement poursuivre les travaux de Binet mais avec une originalité qui est celle, (on le voit bien d'ailleurs en dépouillant la revue et en analysant son contenu), d'une volonté de prendre en considération toujours plus de variables qui rentrent en jeu et qui expliquent à terme les difficultés scolaires. Cette variable ou ces variables peuvent être réunies autour d'une discipline qui existe à cette époque-là qui s'appelle la sociologie et cette sociologie, également naissante, a un lien direct avec les problématiques d'éducation à ce moment-là puisque après Ferdinand Buisson à la chaire de pédagogie de la Sorbonne en 1902, c'est Émile Durkheim qui succède et si, vous voulez, on est face à un moment de l'histoire de la science de l'éducation où la psychologie se retrouve en concurrence avec la sociologie, il n'y a pas de guerre fratricide entre les deux disciplines ou entre ses représentants mais on assiste bien ici à une recherche de légitimité des recherches sur les questions d'éducation et sur les conséquences possibles probables sur les résultats scolaires. Donc on voit bien ici qu'à travers l'éducateur moderne Roger Cousinet qui a également été secrétaire de la Société libre pour l'étude psychologique de l'enfant cherche à prolonger, à développer les idées d'un Binet d'un point de vue plus social.

Quand on a pour la première fois en France dans les années 1880 créé et défini ce qu'on appelait alors la science de l'éducation au singulier, la science de l'éducation c'était évidemment la sociologie, et le représentant de cela c'était Durkheim, pour lui l'étude de la pédagogie, c'est essentiellement une étude sociologique, c'est-à-dire celle qui consiste à discerner dans un système pédagogique en cours, dans un régime éducatif ses lacunes, ses manquements pour lui apporter des remèdes, de faire en sorte que le système éducatif soit plus en adéquation avec les besoins ou les attentes d'une société déterminée. Binet a voulu introduire une autre perspective qui n'a d'ailleurs pas été étrangère à ses échecs dans des termes universitaires, il a introduit une perspective psychologique en indiquant que si importante que soit la dimension sociologique il faut tenir compte aussi bien sûr de ce que sont les enfants, les élèves, donc tenir compte de la dimension psychologique. À son époque il a donc défendu le rôle de la psychologie contre une sociologie qui était très conquérante et qui impliquait volontiers une négation ou une minimisation de la psychologie. Puis à l'époque postérieure à la fin du XXe siècle, on a retrouvé un peu la même tendance à partir de 1968 avec le rôle très dominant de la sociologie de l'éducation telle qu'elle était représentée par Pierre Bourdieu et son courant où il y avait manifestement une fonction dominante de la sociologie par rapport à l'approche psychologique.

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