La coexistence religieuse au XVIe siècle et aujourd'hui, à partir de l'histoire du pèlerinage de Dom Loupvent en 1531

Introduction

Penser à la mort a longtemps impliqué un geste infiniment personnel : la rédaction d'un testament, moyen de quitter le monde dans la paix et l'espérance selon les propos du père Hanart dans ses Belles morts de plusieurs séculiers de 1662. Pour les juristes, c'est le geste d'un individu libre. En 1782, Riston affirmait : « une des grandes libertés que l'homme saurait prétendre est celle de pouvoir disposer de ses biens, et reconnaître par bienfaits ceux qui l'ont assisté, servi et ont bien mérité de lui, lorsqu'en mourant il perd la volonté et le moyen de faire du bien à l'avenir ».

Sous l'Ancien Régime, pour tester, il fallait être majeur donc n'être ni sous l'autorité paternelle, ni sous celle d'un tuteur. Ne pouvaient prétendre à ce droit les « incapables pour des raisons naturelles », c'est-à-dire les aveugles, les sourds et muets par nature, ceux qui l'étaient par accident le pouvaient à condition d'être accompagnés de sept témoins. Étaient encore jugés incapables les « furieux », « fous », « sots » et tous ceux qui « par violence de maladie ou autrement sont privés de leur sens et tombés en état de démence ou d'aliénation d'esprit ». Étaient encore exclus les personnes condamnées à des peines graves ou subissant une espèce de mort civile, tels les bannis à perpétuité, les détenus à vie aux galères, les condamnés à mort.

Malgré ces restrictions, des dizaines de milliers de testaments sont conservés dans les archives. Depuis longtemps, les historiens ont mesuré l'importance de ce document. En 1973, Michel Vovelle estimait qu'il fallait le « traiter comme une source essentielle [...] de la vie sociale [...] une source majeure de l'histoire des mentalités, singulièrement des mentalités religieuses ».

Si, aujourd'hui, le testament se réduit souvent à des clauses financières et matérielles, jadis il était avant tout un acte pieux, un moyen de se préparer au passage dans l'au-delà, de mettre son âme en paix et d'assurer des prières pour son repos. Nous vous proposons d'étudier quelques testaments rédigés entre le XVIe et la fin du XVIIIe siècle. Ils vont vous permettre de mieux saisir les mentalités de nos ancêtres.

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