La démarcation entre science et non science
Comment se pose la question de la démarcation aujourd'hui ? On avait insisté sur les moyens de vérification des propositions scientifiques, sur la réfutabilité des propositions scientifiques (Popper), et sur la structure de la théorie scientifique, dite hypothético-déductive, partant d'hypothèses pour en déduire des conséquences qui pourraient être soumises à l'expérimentation.
Ces moyens étaient efficaces après-guerre, ils ont gardé une certaine force, mais sur des points plus locaux. Ils ne peuvent plus être considérés comme critères universels de la science.
Pourquoi ? La science est toujours la même d'une certaine façon, mais elle a aussi beaucoup changé et s'est beaucoup enrichie dans ses pratiques. Comme elle travaille souvent sur des questions aussi concrètes que théoriques, elle travaille beaucoup par modèle et simulation. Elle peut tenir compte de très nombreuses interactions, qui peuvent donner lieu à de nouvelles dynamiques de savoir, les simuler, faire des prédictions, changer d'échelles, piloter des projets par des moyens autres que théoriques, de modélisation, et interdisciplinaires. Cela suppose une multiplicité d'ingrédients scientifiques, que la théorie ne suffit plus à synthétiser. C'est pourquoi ces critères de vérification et de réfutation ne suffisent plus, même si, à certains égards, ils restent vrais.
La question de la séparation entre science et non-science devient plus difficile dans ce contexte de la société dite « post-moderne », où toutes les jonctions peuvent être faites entre ce qui est science et ce qui ne l'est pas. L'université de Standford a publié un article sur la question dans son encyclopédie Internet, et l'on y voit que l'on s'oriente sur des démarches multicritères plus subtiles que celles des années 1950.