La coexistence religieuse au XVIe siècle et aujourd'hui, à partir de l'histoire du pèlerinage de Dom Loupvent en 1531

Les textes sacrés

Les textes sacrés

Les sources bibliques & littéraires

C'est l'arrière-plan de la totalité des pratiques et rites religieux dès les premiers temps du christianisme. Il suffit de voir la manie des Évangélistes de citer la bible juive, c'est-à-dire notre Ancien Testament, pour enraciner le christianisme dans une tradition plus ancienne. Tout geste trouve une justification dans l'attitude ou la parole d'un patriarche, d'un prophète, d'un apôtre, enfin d'un personnage biblique.

Le pèlerinage à Jérusalem est justement une pratique importante chez les juifs. Dans la biblique hébraïque, trois fois par an, les Juifs doivent se rendre à Jérusalem pour effectuer un certain nombre de rites très codifiés. Dans le christianisme, il n'existe aucun impératif d'effectuer le pèlerinage à Jérusalem, et pourtant, comme c'est le théâtre où se sont déroulés les derniers jours de la vie du Christ, de son entrée dans la ville à sa crucifixion puis sa résurrection, les Chrétiens estiment que c'est l'endroit rêvé pour méditer sur leur foi. On considère aussi que la visite des lieux saints frappe l'imagination et renforce la croyance en Dieu.

La connaissance des textes qui relatent ces événements est donc indispensable pour comprendre la fascination qu'exerce Jérusalem sur les juifs et les chrétiens. La lecture des quatre récits de la passion que donnent les quatre Évangélistes, mais aussi des psaumes et des prophéties qui accordent un statut particulier à Jérusalem, la « fille de Sion », la capitale du royaume d'Israël.

A partir du XVIe siècle et des débuts de la critique biblique, on voit surgir la volonté d'enraciner la geste du Christ dans la réalité topographique. Des biblistes et des historiens s'emploient à imaginer les lieux, à faire des relevés des sites etc. Des atlas bibliques voient le jour.

Les sources littéraires sont aussi importantes : elles montrent le conditionnement mental des individus, les stéréotypes partagés par les membres d'une société. Dans ce cas précis, la question est de savoir ce que « Jérusalem » évoque, quelles images ce mot fait naître. Parmi les grands corpus possibles, on peut mobiliser par exemple la littérature bleue ou littérature de colportage ; et bien sûr la littérature tout court lorsqu'elle évoque les croisades ou la vie du Christ, des héros (Godefroi de Bouillon, Beaudoin...). On constate dans ces textes un certain exotisme sans doute très conventionnel et le poncif du sentiment de dépossession des chrétiens des lieux où a vécu leur Sauveur.

On pourrait ajouter à ces corpus, d'une manière générale, les sources « de l'imaginaire » : publicités diocésaines pour les pèlerinages, tous documents faits pour activer ou réactiver dans l'imagination de leur récepteur, des images toutes faites et des raccourcis.

ExempleSources littéraires et bibliques

- La cartographie

Jérusalem et les lieux saints ont donné lieu dès l'antiquité tardive à des représentations iconographiques, tant la ville est un lieu mythique qui frappe l'imagination. Il s'agit le plus souvent de vues idéalisées. Mais parfois, la ville sainte a donné lieu à des cartes et des plans, donc des documents censés être réalistes. Ils sont intéressants car ils permettent d'approcher la représentation de l'espace, qui n'est jamais neutre, et les préjugés du cartographe, qui sont aussi ceux de son temps : quel est, par exemple, l'élément figuré au centre de la carte ? Quelle est l'orientation ? Autant d'éléments qui traduisent les priorités et les repères culturels de l'auteur. Car la cartographie est aussi un moyen de contrôle et d'expression de hiérarchies : des espaces dominants et des espaces soumis par exemple.

Lien vers le portfolio de cartes : http://jnul.huji.ac.il/dl/maps/jer/html/gallery.html

- La littérature populaire et la Bible

On appelle « littérature bleue » un corpus de textes variés imprimés à destination d'un public populaire, avec une très reconnaissable couverture de papier bleu, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Ces livres étaient diffusés par les réseaux de colporteurs, et ont ainsi pu pénétrer jusque dans les plus humbles familles. Le principal centre de production de ces livres, à l'origine est Troyes, puis des imprimeurs d'autres villes se lancent dans ce type de production. Ce sont généralement des livres assez minces, de facture sommaire, couvrant de larges thématiques : abécédaires, civilités, remèdes, astrologie et prédictions, vies de saints, contes et légendes, et bien sûr livres religieux. Parmi ces derniers, aux côtés des recueils de prières et de cantiques, la Bible occupe une place non négligeable, sous forme de digests largement illustrés, grâce à la technique, peu coûteuse, de la gravure sur bois, qui permettait de réemployer facilement et longtemps les mêmes motifs iconographiques. Les figures de la Bible ont donné lieu à d'innombrables éditions à partir du début du XVIIIe siècle. Cette réécriture simplifiée de l'Ancien et du Nouveau testament a certainement favorisé une certaine familiarité des individus de toute extraction sociale avec les grands récits bibliques (la Création du Monde, Noé, Moïse, la Tour de Babel, Jésus, les Apôtres etc.) Cet ouvrage permet donc d'approcher la représentation commune de l'univers biblique et des lieux saints aux XVIIIe et XIXe siècles.

Lien vers le livre de colportage

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