Définition et formalisation

Énoncé sommairement, le relativisme c'est la position selon laquelle, tout énoncés, toutes pratiques, toutes croyances est relative à un contexte et tire son sens et sa raison d'être de ce contexte,

Tout énoncés, toutes pratiques, toutes croyances est relative à un contexte et tire son sens et sa raison d'être de ce contexte, ce qui en résulte, c'est l'idée qu'il existe différent mode d'action et de pensée qui sont tous également valable

De ce point de vue là, on ne peut donc pas les hiérarchiser, on ne peut pas en rejeter un au profit d'un autre sous peine d'être taxé d'arbitraire

Je vais m'intéresser principalement à la question du relativisme cognitif, c'est-à-dire au relativisme qui porte sur nos connaissances

On peut considérer que le relativisme met en péril l'idée même qu'il existerait une connaissance qui serait universelle, objective et décontextualisée

Je vais proposer maintenant une définition un peu plus formelle du relativisme, je m'appuie pour cela sur la définition proposée par Maria Baghramian dans son ouvrage « relativisme » et j'emprunte un exemple à un autre ouvrage, celui-ci rédigé par Paul Boghossian et traduit en français «  la peur du savoir »

Voici deux énoncés :

les indiens sont venus d'Asie par le détroit de Béring

les indiens sont sortis sous l'aspect de bisons des profondeurs de la terre

le premier énoncé appartient au savoir archéologique contemporain, le deuxième énoncé se trouve de nos jours dans le discours des indiens Sioux qui font référence à leurs mythes de créations dans le cadre de revendications politique et de réappropriation de leur culture

pour un relativiste, ces énoncés peuvent être considérés comme vrai par des individus différents sans que l'on puisse trancher de manière définitive et affirmer la supériorité d'un énoncé par rapport à l'autre

le relativiste en l'occurrence procède à une réécriture qui se formule dans le cas de notre exemple de la manière suivante : les indiens sont venus d'Asie par le détroit de Béring est vrai relativement au savoir archéologique contemporain, les indiens sont sortis sous l'aspect de bisons des profondeurs de la terre est vrai relativement au savoir traditionnel des indiens

on a finalement une formule du type A est N relativement à F, F est un facteur relativisant, qu'est-ce qui est relativiser ? c'est le jugement A est N au moyen de ce facteur relativisant

dans le cadre de l'exemple des indiens, le facteur relativisant est de l'ordre du savoir collectif, il s'agit en l'occurrence de deux types de savoir, le savoir archéologique contemporain et le savoir traditionnel des indiens

dans la formule A est N relativement à F, A peut être un énoncé, une croyance, une pratique voir un objet matériel, il peut en effet s'agir d'un objet naturel, d'un objet technique ou d'une œuvre d'art

on peut prendre par exemple l'énoncé suivant : la Joconde est belle relativement aux canons de la beauté européens

N est un prédicat normatif, les normes en question peuvent être cognitives, vrai ou faux, justifié ou non justifié, elles peuvent être éthiques, bon ou mauvais, juste ou injuste, elles peuvent également être esthétiques, beau ou laid, harmonieux ou disharmonieux,

Que peut-on inclure maintenant dans la liste des facteurs relativisant F potentiel ? on peut inclure dans cette liste les caractéristiques psycho physiologique d'un individu, l'équipement cognitif humain, une période historique donnée, une culture, un schème conceptuel, une langue particulière

Si on prend pour critère le classement des facteurs relativisant, on peut là encore distinguer un certain nombre de forme de relativisme

Si le facteur relativisant est constitué par un individu humain ou par des caractéristiques de celui-ci, sa sensibilité, son éducation, son rapport au monde, on a affaire à une forme de subjectivisme

S'il est constitué par une période de l'histoire, on a affaire à une forme d'historicisme

Si le facteur relativisant est constitué par une culture, on a affaire à un relativisme culturel

Enfin si le facteur relativisant est constitué par une langue, par un schème conceptuel ou par un arrière fond intellectuel, on a affaire à un relativisme conceptuel

Le relativisme faible consiste à reconnaître qu'un facteur relativisant peut affecter notre connaissance du réel, le réel ne saurait être connu sans médiation directement, dans le cas du relativisme faible le facteur relativisant est universel quand à son application, Kant par exemple nous propose un facteur relativisant qui est constitué par les structures a priori de l'esprit humain, par les formes a priori de la sensibilité et par les catégories de l'entendement qui fournissent à un sujet transcendantal les moyens qui lui permette de parvenir à une connaissance nécessaire et universelle

Alors la particularité de ce facteur relativisant, c'est son universalité, Kant considère qu'il n'est pas le privilège de quelques individus, mais qu'il caractérise l'ensemble des sujets humains

De ce point de vue, on peut avoir des énoncés du type « tous les corps sont pesants » est vrai relativement aux structures a priori de l'esprit humain, on a affaire à un relativisme qui consiste dans le rejet d'une conception absolutiste de la connaissance sans pour autant introduire une différence essentielle entre deux groupes d'individus ou deux collectivités humaines

Quand est-il du relativisme fort qui constitue en fait le relativisme au sens usuel du terme, je repartirais de ma définition initiale mais je crois qu'il faut lui ajouter quelques clauses additionnelles pour définir ce relativisme au sens fort, et pour cela je repartirais de mon exemple : les indiens sont venus d'Asie par le détroit de Béring est vrai relativement au savoir archéologique contemporain, les indiens sont sortis sous l'aspect de bisons des profondeurs de la terre est vrai relativement au savoir traditionnel des indiens, ce que l'on peut constater c'est que l'on a pas ici un facteur relativisant universel mais deux valeurs d'un même facteur relativisant

Le facteur relativisant c'est le savoir humain, les deux valeurs sont le savoir archéologique contemporain et le savoir traditionnel des indiens

On aboutit donc à deux formules qui sont A1 est N relativement à F1et A2 est N relativement à F2

Pour aboutir à un relativisme fort, il faut ajouter plusieurs clauses à la formule A est N relativement à F

La première clause est la suivante : il faut qu'il y ait une multiplicité de valeurs du facteur relativisant et il faut postuler leur irréductibilité, il faut qu'il y ait deux valeurs du facteur relativisant au moins et que celle-ci soient considérées comme intraduisibles, on ainsi affaire à au moins deux caractéristiques d'individus distincts, à deux société, à deux cultures, à deux schèmes conceptuels, à deux langues particulières, et-cetera...à la limite, il peut y avoir une infinité de valeur du facteur relativisant, par exemple dans le cas du subjectivisme.

Deuxième clause : parce qu'on a deux valeurs au moins du facteur relativisant en concurrence on a affaire à des normes du jugement qui seront variables d'un individu à l'autre, d'une société à une autre

La troisième clause consiste à l'impossibilité de déterminer la supériorité de certaines normes par rapport à d'autres, en l'absence de méta perspective, les normes et les croyances ou les pratiques qui sont produites à partir de ces normes ne peuvent être évaluées de manière comparative

Quatrième et dernière clause, c'est l'affirmation d'une égale validité de tous les systèmes de croyances et de pratiques

Ainsi défini avec ces clauses additionnelles le relativisme fort ou relativisme au sens usuel du terme a mené à des conclusions parfois franchement radicales

Je me limiterais à deux affirmations, la première affirmation est celle d'une égale validité des théories scientifiques anciennes et présentes, ce qui congédie l'idée même d'un progrès scientifique possible, d'autre part l'affirmation d'une égale validité de la science par rapport aux mythes, aux religions, aux croyances traditionnelles ce qui conduit à faire de la science un discours parmi d'autre sans spécificité par rapport à la question de la vérité

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