Qui est relativiste et pourquoi ?
Le relativisme correspond à une nébuleuse de point de vue, à un ensemble de convictions plus ou moins ouvertement assumées, le terme comporte une connotation dépréciative ce qui incite beaucoup d'auteurs a refuser l'étiquette qu'on leur attribue parfois, pour reprendre le mot de Pascal Engel, le relativiste adopte une stratégie de l'anguille, il n'affirme rien, il ne fait que suggérer, alors qui est relativiste ? on peut citer en particulier Protagoras dans l'antiquité, Protagoras qui affirme que l'homme est la mesure de toutes choses, et également que les choses sont et paraissent autres à celui-ci et autres à celui-là, pour Protagoras la vérité n'est pas une norme universelle et elle est a mesurer à l'aune de chaque individu
La liste des auteurs auxquels on a attribué l'étiquette de relativiste est trop longue pour pouvoir être développée ici, je m'en tiendrais simplement dans la suite à l'évocation de quelques sociologues des sciences contemporains
Les raisons d'être relativiste sont multiples et je ne saurais les évoquer toutes ici, je m'en tiendrais donc à quelques unes et je commencerais par les bonnes raisons
Tout d'abord comme là signaler Robert Nozick dans son ouvrage « Invariance » la séduction du relativisme réside dans le fait qu'il est extrêmement égalitaire
Le relativisme a constitué une arme de combat contre le dogmatisme et la certitude de détenir une vérité absolue
Montaigne par exemple dans ces essais adopte une position relativiste, il écrit dans un contexte qui est celui des guerres de religion où triomphe l'intolérance, il veut également s'opposer à l'affirmation d'une infériorité naturelle des indiens, des peuples du nouveau continent fraîchement découvert
Le recours au relativisme a été le fait également de certains sociologues des sciences qui se sont penchés à nouveaux frais sur les controverses scientifiques du passé, Bruno Latour par exemple a voulu reconsidérer les raisons et les arguments respectifs de Louis Pasteur et de Ferdinand Pouchet dans la controverse sur la génération spontanée, sans pris supposé que du côté de l'un se trouvait les causes rationnels et du côté de l'autre seulement une série de facteur d'irrationnel
Du côté des raisons moins avouables d'être relativiste, on trouvera tous ceux qui cherchent à troubler l'eau pour pouvoir pêcher en eaux troubles, je m'en tiendrais à un exemple : le relativisme culturel qui affirme à chacun sa culture, simplement souhaiter un repli identitaire sur sa propre culture ou chercher à justifier des inégalités qui aurait Dieu au sein de cette culture
L'argument majeur développé par les relativistes peut être appelé argument du cadre de référence, celui-ci consiste à conjoindre deux affirmations, premièrement le réel n'est appréhendé que de l'intérieur d'un cadre de référence qui impose un découpage et une conformation spécifique à ces éléments, deuxièmement les cadres de référence sont incommensurables, c'est-à-dire que l'on ne peut pas les comparer et les évaluer l'un par rapport à l'autre, chaque cadre impose une vision du monde et les visions du monde sont exclusives
La justification de l'incommensurabilité des cadres de référence prends parfois appuie sur des travaux menés en anthropologie, en psychologie, en histoire et en sociologie des sciences
Ainsi par exemple, les travaux des linguistes Benjamin Lee Whorf et Edward Sapir ont donné lieu à la constitution de ce que l'on a appelé l'hypothèse Sapir Whorf, chaque langue structurerait inconsciemment la perception du monde des locuteurs, la langue Hopi ainsi par exemple ne comporte pas de termes permettant d'évoquer le futur ou le passé, des termes tels que flamme, lumière ne peuvent être exprimés qu'aux moyens de verbe exprimant une durée brève, de ce fait on pourrait affirmer que les indiens Hopi ne vivent pas dans le même monde que nous
L'argument traditionnellement opposé aux relativistes est celui de l'auto réfutation, il en existe d'innombrables versions, je proposerais ici celle que propose John Rogers Searle dans son article « les réfutations du relativisme », supposons que j'affirme, il n'y a pas de vérité universellement valide, soit j'interprète cet énoncé en disant qu'il n'y a pas de vérité universellement valide à l'exception de l'énoncé il n'y a pas de vérité universellement valide et à ce moment-là on pourra me reprocher d'y inclure une exception, pourquoi pas d'autres exceptions ou alors j'affirme il n'y a pas de vérité universellement valide en y incluant l'énoncé il n'y a pas de vérité universellement valide et dans ce cas-là je me contredis moi-même