Quelles sont les fonctions des expériences de pensée ?

Ces considérations nous permettent de toucher un dernier sujet, à savoir les fonctions remplies par les expériences de pensée. Il est courant de voir une expérience de pensée comme un outil épistémique pour réfuter ou confirmer certaines hypothèses ou une théorie.

À travers l'expérience de pensée de Galilée et celle de Putnam, nous avons déjà vu comment les expériences de pensée seraient des expéditions dans des mondes possibles, pour utiliser une image de Roy Sorensen, avec la mission de montrer qu'un certain cadre théorique considère des possibilités inauthentiques ou néglige des possibilités authentiques. Dans le cas de Galilée, le cadre théorique de référence est la théorie du mouvement d'Aristote et la mise en évidence d'une incohérence interne à ce cadre suggère qu'il faut abandonner l'hypothèse que la vitesse soit proportionnelle au poids. Dans le cas de Putnam, il est reproché aux théories internalistes de la signification de sous-évaluer à la fois la dimension sociale et la dimension empirique du langage.

Il y a aussi des expériences de pensée qui mettent à l'épreuve un cadre théorique pour en montrer sa force explicative. C'est le cas des expériences de pensée de Darwin avec lesquelles il a fait comprendre comment sa théorie causale de l'évolution, d'une part, s'applique à des cas ordinaires et, d'autre part, peut expliquer aussi des cas plus complexes où les transitions évolutives sont moins plausibles (comme l'évolution de l'œil).

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